Les premiers hérissons ont commencé à pointer le bout de leur truffe au début du printemps. Puis, le gros des troupes a suivi. A la période d’hibernation succède en effet une intense période d’activité qui se poursuivra jusqu’à l’automne.

Si la plupart de nos compagnons humains se sont rués chez le coiffeur et le barbier dès le 11 mai pour ne plus ressembler… à des mulets ou des hérissons, ces derniers ont d’autres priorités lorsqu’ils quittent leurs gîtes d’hiver.

La première de ces priorités est de se remplir la panse. Car si les Français ont majoritairement pris du poids pendant la période de confinement, les hérissons, eux, sortent très amaigris de leur période d’hibernation. « A la fin de l’automne, un gros hérisson peut peser jusqu’à 1,5 kilo contre 500 à 600 grammes à la fin de l’hiver. Il peut perdre jusqu’à 40% de son poids », note Marjorie Poitevin, coordinatrice de la Mission Hérisson au sein de la LPO. Pendant son déconfinement, ce chasseur nocturne ne se refuse donc rien ! Carabes, scarabées, chenilles de papillons, perce-oreilles ou encore escargots et limaces… tout y passe.

Le hérisson se nourrit principalement d’invertébrés et affiche une nette prédilection pour les vers de terre et les escargots. PHOTO DR Patrick Da Silva / LPO

3 à 4 kilomètres parcourus chaque nuit

Aussitôt déconfiné, le hérisson n’a de cesse de circuler. « Le hérisson est extrêmement mobile au cours des premières semaines qui suivent sa sortie d’hibernation ». Il marche en mangeant, mange en marchant, et parcourt chaque nuit « 3 à 4 kilomètres pour les mâles et 1 à 2 kilomètres pour les femelles ». Car sa seconde priorité est de trouver un partenaire sexuel afin de s’accoupler, avant de reprendre une vie assez solitaire. « En dehors de la période d’accouplement, les hérissons n’ont guère d’interactions sociales entre eux ». Ils pratiquent même la distanciation physique !

L’art de la distanciation physique

Les domaines vitaux fréquentés par les hérissons au cours de leurs activités journalières se chevauchent et s’entrecroisent largement. Sans pour autant que les uns cherchent querelle aux autres. Car les hérissons ne défendent pas un territoire particulier et préfèrent l’évitement à l’affrontement. Il suffit de ne pas se trouver au même endroit au même moment.

En cas de rencontres entre individus de même sexe, chacun reste généralement à bonne distance, même s’il arrive que quelques comportement agressifs se manifestent. Philippe Jourde, auteur d’un ouvrage de référence sur Le hérisson d’Europe rapporte ainsi que « durant leur étude italienne, Boitani et Reggiani (1984) n’ont jamais observé de rapprochement à moins de 20 m pour des animaux de même sexe ». 20 mètres de distance ! Il ne faudrait pas que cela donne des idées à certains de nos décideurs…

Alexandrine Civard-Racinais

Photo d’ouverture : Alexandrine Civard-Racinais

L’année du hérisson à la LPO

Qu’on se le dise, 2020 est l’année… du hérisson. Pour mieux connaître les mœurs nocturnes de ce discret petit mammifère ou aménager son jardin en sa faveur, rendez-vous sur le site web ou les comptes Facebook et Instagram de la LPO. Conseils, vidéos, infos y sont dispensés chaque semaine. À partir du mois de juin, les plus motivés pourront même participer à un programme de sciences participatives « Mission hérisson : l’enquête » qui deviendra ensuite pérenne. L’objectif est de sensibiliser le grand public à la protection de cette espèce, très menacée par les activités humaines.

A lire : Le hérisson d’Europe, par Philippe Jourde (Delachaux&Niestlé, 2020)

 

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