miroir

«Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus, avant de renvoyer les images », disait Jean Cocteau, que l’on ne connaît pas forcément si gai luron. Mais, pour réfléchir, c’est que ça donne à penser, cet instrument quotidien.

Il faut savoir que même si le miroir est en verre, ce n’est pas lui qui réfléchit : c’est la couche de métal qui est posée dessous. D’ailleurs, avant que n’apparaissent les miroirs en verre, on se servait uniquement de cuivre ou de bronze en guise de miroir. Les miroirs contemporains « verre-métal » ne sont apparus qu’à la Renaissance. La couche réflective était alors en mercure, métal hautement toxique, avant de passer à l’argent, hautement réflectif mais oxydable, puis à l’aluminium, qu’on utilise toujours. Le verre sert essentiellement à fournir une couche on ne peut plus lisse sur laquelle déposer le métal, qui, ainsi, réfléchit encore davantage.

Le côté lisse n’est pas innocent. Sur une surface rugueuse, les photons de lumière sont renvoyés dans tous les sens, un peu comme une petite balle que l’on enverrait sur un gros crépi. Un métal parfaitement lisse, lui, renvoie la lumière quasiment sans perturbations, sans déformer sa disposition. Le métal renvoie davantage la lumière que toute autre matière grâce à la grande quantité de ses électrons libres, des électrons qui ne sont pas liés aux atomes. Lorsque le champ électrique de la lumière les atteint, ils oscillent et renvoient la lumière dans toutes les longueurs d’onde. C’est pourquoi la plupart des métaux sont grisâtres : ils absorbent une partie de la lumière blanche (environ 10 %) et renvoient le reste. L’or ne renvoie pas tout le spectre lumineux, il garde le jaune, et c’est pour cela que, même s’il reflète bien la lumière, il a une couleur jaune. Les autres matériaux ont moins d’électrons libres et renvoient donc moins la lumière.

Donc, on se voit, puisque la lumière que l’on envoie vers le miroir nous est retournée. Mais on se voit « à l’envers ». Enfin… pas tout à fait. L’image n’est pas inversée sur le plan horizontal, ni sur le plan vertical, mais dans la profondeur. C’est un peu comme si nous étions transparents et que l’image renvoyée était notre côté face vu de dos. Et c’est là qu’il convient de réfléchir.

Image par Jules Rufenacht de Pixabay

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