L’épidémie de coronavirus ne cesse de s’étendre et Emmanuel Macron a décidé de mettre en place le confinement généralisé des personnes pour freiner la dissémination de la maladie.

Nous sommes désormais (presque) enfermés, parfois à plusieurs, parfois nombreux, dans notre logement. Une décision indispensable pour limiter la propagation, mais qui n’empêche pas que se dissémine le virus au sein d’un même foyer. Pour éviter d’infecter ses colocataires, il est d’abord important d’avoir en tête quelques éléments sur le virus.

Un virus particulièrement contagieux

Le SARS-CoV-2, responsable de la maladie dite du Covid-19, est un virus qui possède un génome à ARN et est de type enveloppé, à l’instar du virus de la grippe. Cette enveloppe est composée de lipides, des graisses, qui sont dégradées par le savon et sensibles à l’alcool, d’où l’intérêt de l’utilisation des savons ou des solutions hydroalcooliques.

Lorsque cette enveloppe est dégradée, le virus ne peut plus se fixer sur les cellules et les infecter, il est par conséquent inactivé.

Comment le virus se dissémine-t-il alors aussi facilement dans la population, contrairement à son petit cousin le SARS COV1, responsable de l’épidémie de 2003 ? Il semble que ce soit en partie lié au fait qu’il se fixe 10 fois plus facilement sur les cellules humaines, et que les malades, voire les asymptomatiques, libèrent beaucoup de virus.

Voici quelques conseils pour éviter la contamination si un malade se déclare dans le logement.

Renouvelez l’air

Le printemps arrivant, il faut en profiter pour bien aérer son logement, c’est le meilleur moyen pour l’assainir par l’élimination des virus en suspension.

Rappelons-le, la transmission se fait majoritairement par les gouttelettes d’aérosol émises par le malade (lorsqu’il tousse, éternue, parle, postillonne, etc.). L’étude citée plus haut avance que le virus peut survivre pendant trois heures en phase aérosol.

Une aération de 10 minutes par pièce permet de renouveler l’air. Même si votre logement est équipé d’une ventilation mécanique contrôlée, elle est ici insuffisante – et ne fonctionne souvent pas correctement.

Diminuez l’humidité

L’aération permet aussi de diminuer l’humidité présente. En effet, l’humidité générée par les activités de lavage, de ménage, de toilette – multipliées par le confinement – contribue à maintenir le virus dans les aérosols, et donc augmente le risque de transmission entre les occupants.

Elle peut aussi entraîner le développement des moisissures dont les spores peuvent irriter les voies respiratoires et favoriser l’infection virale. L’humidité contribue également à la prolifération des acariens qui entraînent des réactions allergiques chez les personnes susceptibles, et donc encore un terrain favorable à l’infection virale par la fragilisation des cellules des voies respiratoires.

Laissez entrer le soleil !

Laisser rentrer le soleil par l’ouverture des fenêtres, si c’est possible, permet de diminuer la charge virale par l’action virucide des rayons ultraviolets sur les surfaces potentiellement contaminées.

Même si les données sont parcellaires et les systèmes de surveillance différents, il semble que le virus prolifère moins dans les pays chauds et secs, vraisemblablement par la moindre survie du virus en phase aérosol et sur les surfaces. Attention, il s’agit bien des surfaces : exposer le malade au soleil ne va pas tuer chez lui le virus !

Veillez à avoir une hygiène irréprochable

Côté hygiène, il faut bien évidemment appliquer les recommandations d’éternuer dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, se laver les mains, et bien sûr éviter les embrassades avec son conjoint ou ses enfants s’ils présentent des symptômes.

Le malade est vivement encouragé à porter un masque si c’est possible – plus utile pour protéger les autres qu’à se protéger soi-même. Il faut aussi bien sûr se laver les mains régulièrement, et notamment après avoir été en contact avec des objets potentiellement souillés par le malade. Il vaut mieux privilégier dans ce cas le lavage au savon.

Les données de survie du virus sur les surfaces montrent qu’il résiste 4 heures sur le cuivre, jusqu’à 24 h sur le carton et 2 à 3 jours sur le plastique et l’inox. Ces données, même si elles ont été publiées avant d’être expertisées, sont du même ordre d’idée qui ce qui a été observé pour le SARS-CoV-1 et pour d’autres virus de même structure.

Si cela est possible, le malade doit être confiné dans sa chambre et éviter au maximum les contacts. Même si on ne peut l’exclure, il n’y a aucune étude signalant la possible transmission par voie alimentaire.

Nettoyez les toilettes

Il faut aussi savoir que le SARS-CoV-2 est également excrété dans les selles. Un minimum de précautions peut donc être pris : notamment, bien abaisser l’abattant des toilettes avant de tirer la chasse d’eau.

Il peut en effet y avoir émission d’aérosols contaminants, cela vient d’être démontré pour les norovirus, principaux virus impliqués dans l’épidémie de gastroentérite hivernale, dans une étude qui n’est pas encore publiée. Nettoyer la lunette après le passage du malade apparaît également nécessaire. Pour cela, la plupart des produits d’entretien (ou simplement du savon) sont efficaces.

Les mesures de confinement pour éviter les contacts, les mesures d’hygiène et d’aération, et tout simplement le bon sens, permettront de venir à bout de cette épidémie. L’arrivée du printemps nous y aidera.The Conversation

Pierre Le Cann, Professeur de Microbiologie, École des hautes études en santé publique (EHESP)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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