Le personnel soignant enfile tabliers et gants avant de pénétrer dans un bloc de réanimation pour y retourner un patient sévèrement atteint de Covid-19 de la position ventrale à dorsale. ©Florence Heimburger/Curieux.LiveLe personnel soignant enfile tabliers et gants avant de pénétrer dans un bloc de réanimation pour y retourner un patient sévèrement atteint de Covid-19 de la position ventrale à dorsale. ©Florence Heimburger/Curieux.Live

Face à l’épidémie galopante de Covid-19, la recherche française se mobilise, notamment pour trouver des traitements. Plusieurs molécules innovantes sont actuellement testées, notamment au CHU de Bordeaux. Le point.

« L’Europe est désormais l’« épicentre » de l’épidémie Covid-19 », a souligné Hélène Junqua, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de la santé Nouvelle-Aquitaine, lors de la conférence de presse du 17 mars au CHU de Bordeaux.

Avec 9134 cas confirmés en France dont 242 en Nouvelle-Aquitaine, notre pays n’est pas épargné. Faute de vaccin préventif et de médicament curatif, la prise en charge consiste pour l’instant à traiter les symptômes (oxygène, ventilation…).

Face à l’afflux massif de patients touchés par des formes graves d’infection au Covid-19, les chercheurs du monde entier se mobilisent pour trouver un traitement. Plusieurs pistes thérapeutiques sont actuellement explorées en France et dans le monde.

« Cinq médicaments innovants sont en cours d’essais cliniques et testés au CHU de Bordeaux », indique le Pr Denis Malvy, responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Bordeaux. Ce membre du Comité scientifique sur le Covid-19 mis en place par le ministre de la santé Olivier Véran, s’exprime avec un masque et en toussant. Faisant front en première ligne face à « l’ennemi invisible », au contact des patients, et « symptomatique », il est en cours de dépistage et attend ses résultats.

Le plus prometteur : le remdevisir

Parmi ces traitements figure le remdevisir, un antiviral injectable du laboratoire américain Gilead. Pas encore commercialisé, il a néanmoins été utilisé pour lutter contre les maladies à virus Ebola. In vitro, il diminue la réplication du virus Covid-19, freinant ainsi l’infection des cellules saines. « Il est le traitement phare et a une réelle efficacité, mais, problème, il n’est produit qu’en quantité infime », précise le Pr Malvy.

Il fait actuellement l’objet de cinq essais cliniques et est testé sur plus de 3200 patients en Europe dont 800 en France. Des résultats d’une étude menée sur cette molécule et débutée en Chine en février sont attendus pour avril.

Deux autres solutions thérapeutiques sont étudiées : le Kaletra, un antirétroviral d’AbbVie contre le VIH (virus de l’immunodéficience humaine ou virus du sida), associant deux molécules antivirales (le lopinavir et le ritonavir), et ses génériques; une association Kaletra-interféron bêta (une immunothérapie), au cas où le Kaletra seul se révélerait insuffisant.

 

La chloroquine obtient de bons résultats

Autre piste explorée : la chloroquine (Nivaquine), un antipaludique commercialisé depuis soixante-dix ans et très peu onéreux, et son analogue l’hydroxychloroquine (Plaquenil), indiqué dans le traitement des maladies auto-immunes de type lupus ou polyarthrite rhumatoïde. Ce dernier a montré des résultats prometteurs contre le Covid-19 chez des patients infectés, selon le Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée-Infections de Marseille. Ce spécialiste des maladies infectieuses et également membre du conseil scientifique vient de lancer une étude clinique.

Une vingtaine d’essais cliniques sont en cours en Chine pour évaluer l’effet de ces deux antipaludéens. En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie Saoudite, ces deux médicaments font déjà partie des protocoles thérapeutiques.

Les laboratoires Sanofi qui produisent le Plaquenil viennent d’annoncer qu’ils sont prêts à offrir des millions de doses de ce traitement pour traiter potentiellement 300 000 malades.

Respectons le confinement !

En attendant de trouver la panacée, le personnel soignant recommande à tous de suivre scrupuleusement le confinement.

« Les soignants nationaux et internationaux sont très inquiets quant à la situation actuelle, a expliqué le Dr Benjamin Clouzeau, anesthésiste-réanimateur au CHU de Bordeaux. Il est très important de rester chez soi », a-t-il rappelé.

« Le Président de la République a évoqué 15 jours de confinement renouvelables. Il nous faut au moins 10 à 15 jours pour voir l’impact de cette mesure », a précisé le Pr Malvy.

« Si la vague est plus progressive que ce qu’ont vécu les régions les plus touchées, on va pouvoir faire face », a assuré le Dr Clouzeau. Et éviter le tsunami de patients graves dans des services saturés.

Florence Heimburger

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