Le rire est le propre de l’homme, mais le sourire… n’est le propre de personne. Ce ne serait qu’un vulgaire réflexe musculaire destiné à envoyer un message aux autres.
Le bonheur, la joie, la sérénité nous font secréter des endorphines, la fameuse « molécule du bonheur », qui a pour effet de détendre la plupart des muscles, mais qui, inversement, puisqu’on ne peut jamais être totalement relâché, en tendrait d’autres et en particulier ceux qui commandent l’ouverture de la bouche, le grand zygomatique (c’est son nom, pas un titre de noblesse).
S’il n’y a que celui-là qui se tend, c’est le sourire poli, ou forcé, mais pas vraiment celui de la joie. Pour ce faire, il faut aussi que celui qui commande aux paupières se mette en mouvement. Il ne s’active, sans contrôle, que pour des émotions très positives et donc pour la joie. Et il n’y a pas de surprise : tout cela est déclenché par l’hypothalamus, qui transmet une onde au système limbique, le centre des émotions, et youpi tralala !
Pour autant, sourire n’est pas inné.
Mais presque : au bout d’un mois au minimum, trois au maximum, le bébé a compris que quand sa mère (voire son père) arrive en souriant, c’est bon signe. Rapidement, il va mettre en œuvre sa première interaction sociale et se mettre à sourire à tout bout de champ, pour rassurer ses parents sur le mode : « C’est cool, tout va bien, j’ai pas faim et j’ai pas peur. »
Le sourire est quelque chose d’éminemment social qui n’a pas la même signification selon l’époque ou le pays où l’on vit. Exemple : l’observation des photos de classe d’universités américaines de 1910 à nos jours a montré que plus on approche du XXIe siècle, plus les gens sourient, avec une accélération après 1945. Autrefois, le sourire était considéré comme un peu niais : ne souriaient que les enfants et les débiles, ceux qui n’arrivaient pas à contrôler leur système nerveux. Et puis… les Américains sont arrivés, et, après la guerre, Kodak, ancien leader mondial de l’appareil photo, a associé la photo aux moments heureux en présentant des publicités où les gens souriaient largement.
Mais tous les pays ne sont pas au même rang en ce qui concerne la perception (et donc la fréquence) du sourire. Grosso modo, tous les pays où la société est un peu « tendue » considèrent le sourire comme une marque de stupidité : le Japon, l’Inde, l’Iran, la Corée du Sud ou la Russie sont dans ce cas. Et la France, franchement, guère mieux : pour la fréquence du sourire, elle ne serait qu’au 35e rang sur 44. Pas de quoi se marrer…. Un selfie ?
Image par Alexandr Ivanov de Pixabay