Parce qu’ils sont mesquins ? Parce qu’ils sont idiots ? Parce qu’ils sont comme mon neveu ? Nenni : parce qu’ils sont des chats et qu’ils n’ont jamais eu à obéir.
Pourtant, une étude japonaise de 2013 montre que non seulement ils reconnaissent la voix de leur maître parmi plusieurs voix enregistrées mais qu’en plus ils réagissent à leur nom. Oh, pas en venant, bien sûr, faut pas rêver, mais les chercheurs ont noté que, quand leur maître parle, leurs signes d’attention sont plus marqués (mouvement de la tête, dilatation des yeux et même vocalisation). Mais, contrairement au chien, dont l’ancêtre (le loup gris) a toujours vécu en meute, le chat est un solitaire. Ce qui signifie que, depuis des millénaires, le loup puis le chien ont pris l’habitude d’avoir une organisation sociale avec des dominants et des dominés, des individus qui donnent des ordres et d’autres qui les exécutent, et l’homme a exploité le filon en prenant la place du dominant.
En outre, la domestication du chien a renforcé ce caractère obéissant chez lui, l’homme ayant peu à peu procédé à une sélection génétique visant à ne garder que les plus aptes pour certaines tâches et donc les plus obéissants. Pas de ça chez le chat. Le contact du chat avec l’homme est plus récent, environ 9 000 ans, et il s’est plus fait sur la base d’un contrat entre égaux que d’une réelle domestication : l’homme avait besoin du chat pour garder ses greniers à grains contre les rongeurs et le chat trouvait ça bien pratique d’avoir ainsi cette profusion de proies attirées par les greniers. Pendant longtemps (en fait, quasiment jusqu’à nos jours), on n’a pas cherché autre chose que cela chez le chat et résultat, on ne lui a pas appris à obéir.
Ni à vous aimer, je vous rassure : pour lui, vous n’êtes qu’un distributeur de croquettes un peu évolué. En mesurant le taux d’ocytocine (hormone qui indique le degré d’affection lorsqu’elle est libérée), on a constaté qu’au contact de son maître, celle du chien augmente de 57 % contre juste 12 % chez le chat. C’est plus « ouais ça va, t’es sympa » que « mon maître que j’adore ! ». En outre, ne vous leurrez pas : s’il ne vous dévore pas, c’est juste parce que vous êtes un peu gros pour lui. Des éthologues de l’université d’Édimbourg ont montré qu’il partageait les mêmes traits de caractère que les lions en captivité : crainte des humains, méfiance, impulsivité, colère.
Dernier petit détail : il ne vous dévore pas, certes, mais si vous mourez, il ne lui faudra que vingt-quatre heures pour commencer à vous pignocher s’il n’a rien de mieux à se mettre sous la dent.
Bon appétit, minou !
Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.