En Nouvelle-Aquitaine, on trouve des pesticides en ville comme en zone rurale, selon une nouvelle campagne de mesure de l’air menée par l’observatoire régional Atmo. Quels sont les risques pour la santé ? Comment limiter son exposition ? Le point.

Air, eau, alimentation… Les pesticides sont partout. Première région agricole de France, la Nouvelle-Aquitaine est particulièrement concernée par ces produits, qui contaminent même l’air des villes.

51 molécules chimiques présentes sur 67, sur 7 sites

Une nouvelle étude menée par l’association de surveillance de la qualité de l’air Atmo Nouvelle-Aquitaine dévoilée début septembre a consisté à réaliser une trentaine de prélèvements par semaine, de février à décembre 2018, sur 7 sites ruraux et urbains allant de Poitiers aux Landes, pour traquer 67 molécules.

Parmi les 67 recherchées, 51 ont été détectées, dont 19 fongicides, 22 herbicides et 10 insecticides. Les principales substances aux effets néfastes multiples sont deux fongicides (le chlorothalonil et le folpel) et deux herbicides (le prosulfocarbe et le triallate) utilisés sur la vigne et les céréales : cancérogènes possibles, mortels en cas de pénétration dans les voies respiratoires, irritants pour la peau, très toxiques pour le milieu aquatique…

Un insecticide, le Lindane, a aussi été détecté sur les 7 sites de prélèvements alors qu’il est interdit d’usage agricole depuis 1998.

Autre constat : les concentrations mesurées en site urbain et en site rural au cours de l’année suivent le calendrier des traitements des cultures en agriculture. Elles sont plus élevées au printemps et à l’automne pour les grandes cultures et durant l’été pour les vignes. Des résultats qui suggèrent un transfert des molécules par l’air, volatilisation ou érosion, depuis les surfaces agricoles vers les zones urbaines.

Pesticides inhalés : nocifs ou pas ?

« L’évaluation des risques n’est pas évidente, souligne Cécile Billaud, ingénieur sanitaire environnement extérieur à l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. Si l’on commence à mieux connaître les risques sanitaires encourus causés par l’ingestion de pesticides via l’eau et les aliments, il n’y a pas d’évaluation de ceux liés à leur inhalation », soutient la spécialiste.

A ce jour, aucune norme ne limite la concentration maximale de pesticides dans l’atmosphère, contrairement aux polluants automobiles ou industriels. Leur mesure n’est d’ailleurs pas obligatoire.

Principe de précaution : des comportements à adopter

En attendant, des précautions s’imposent : « Ne pas laisser les enfants à l’extérieur durant un épandage et dans l’heure qui suit ; se calfeutrer lorsque l’agriculteur effectue un traitement ; laver les vêtements, les chaussures, les jouets, le mobilier de jardin qui auraient été exposés à l’épandage de produits ; respecter un délai d’au moins trois jours avant de se promener à côté de vignes traitées ; renouveler les eaux de piscine ; laver son chien ou son chat au moins une fois par semaine…» Des conseils de bon sens qu’il faut appliquer mais qui ne supprimeront pas tous les risques : la première source de contamination restant l’alimentation (fruits, légumes, eau…).

Florence Heimburger

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