Il paraît que c’est la plus grande douleur que l’être humain puisse ressentir au cours de sa vie. Heureusement, on ne s’en souvient pas, car la mémoire n’est pas très longue à l’âge où poussent les dents.

Nos chers bambins qui hurlent de douleur à défaut de pouvoir parler, réveillant tout le quartier pendant des semaines, oublieront aussi vite cette poussée. Le corps, lui, semble garder bien intact ce souvenir, tant on redoute de manière presque instinctive le médecin…

Car, pour se frayer un chemin, les dents doivent pousser… pousser… pousser à travers la gencive. C’est une période de la vie où tout est tourné vers cette poussée, tant elle est importante pour l’homme. Commençant généralement vers 6 mois, la poussée peut se poursuivre jusqu’à l’âge de 3 ans, veille de l’entrée à l’école. Pauvres parents, aussi.

Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, l’apparition des dents, ce n’est pas que des pleurs continus. C’est aussi une bave interminable, un souhait de tout mordiller, des selles étranges et d’une odeur bien identifiable, des rougeurs aux fesses à traiter, de la température, le nez qui coule et les sinus qui peuvent s’infecter… Une vraie partie de plaisir que tous, autant que le nourrisson, ont envie d’oublier.

Mais, en réalité, les dents commencent leur chemin bien avant les premiers cris, dans le ventre de la mère. Dès le premier trimestre de grossesse, la grande production dentaire est lancée. A la naissance, ces dents sont déjà constituées dans la bouche du nouveau-né, mais bien dissimulées dans les gencives. Ce qui explique que, dans de très rares cas, certains enfants naissent avec une première dent.

Sinon, de manière générale, tout est réglé comme une horloge. Ce sont d’abord deux dents, appelées « incisives centrales inférieures », qui apparaissent. Bref, les dents du bas et au milieu, suivies de celles du haut, à partir du mois suivant. Les incisives voisines suivront le mouvement dans l’ordre. Puis les molaires et les canines viendront compléter la denture. C’est alors le moment où le nourrisson sait qu’il peut mordre. Et il ne s’en prive pas ! Notre instinct de ruminant et de carnassier peut alors s’exprimer. Fini les purées de tout. Place à la mastication.

Alexandre Marsat

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