Plusieurs observations de requin à peau bleue nageant à proximité de la côte atlantique ont été effectuées cet été. Leur présence est-elle anormale et faut-il s’en inquiéter ?

Le 22 août dernier, à la Teste-de-Buch, la plage de la Salie Nord était évacuée préventivement en raison de la présence d’un requin peau bleue dans ses eaux de baignade.
Fin mai, la diffusion d’une vidéo montrant une femelle de cette même espèce barbotant dans quelques centimètres d’eau, près de la plage de Seignosse, au sud des Landes, avait déjà suscité beaucoup de questions et d’émotions.

Le corps effilé du requin peau bleue est taillé pour la nage en pleine eau. La couleur de son dos et de sa tête varie du bleu cobalt au bleu électrique. PHOTO : Mark Conlin

Sa présence n’est pas anormale

Pourtant « la présence d’un peau bleue près de nos côtes n’a rien d’anormal » rappelle Eric Stéphan, coordinateur de l’Association Pour l’Étude et la Conservation des Sélaciens (APECS), ou plutôt des poissons cartilagineux, dont les requins font partie.

Migrateur pélagique, ce magnifique squale est présent en Méditerranée et en Atlantique. Ceux que l’on observe près des côtes, sont « plutôt de jeunes individus probablement en quête de nourriture », comme en atteste la taille modeste du spécimen observé au mois d’août. Celui-ci mesurait un petit mètre, alors que les adultes peuvent dépasser 3 mètres.

Sa présence n’est pas dangereuse

Faut-il s’en inquiéter ? Non, car le peau bleue ne fait pas partie des espèces réputées dangereuses, bien qu’il faille se méfier de tout requin de plus d’1m80. Par ailleurs, et à contrario des idées reçues, le rapport de force est plutôt à notre avantage…

Depuis 1850, L’ISAF, organisme faisant autorité en la matière, recense 828 attaques non provoquées. Ce, à l’échelle mondiale et toutes espèces confondues. Un chiffre à comparer aux 70 à 100 millions de requins exterminés chaque année par l’homme. Et le peau bleue n’échappe pas à cette frénésie de destruction.

Qui veut la peau de l’autre ?

Lorsqu’ils chassent, à proximité des côtes, les petits poissons et les calmars dont ils sont friands, les peaux bleues entrent en concurrence avec les pêcheurs et sont parfois capturés accidentellement.

Au large, ils font aussi l’objet de prises accessoires notamment par les palangriers espagnols (navires armés de ligne de pêche avec hameçons dits palangres) et portugais autorisées à pêcher les thons et les espadons.

« Le peau bleue est l’une des espèces les plus pêchées dans les eaux européennes. A certaines périodes, les pêcheries palangrières peuvent débarquer plus de peau bleue dans les ports que d’espèces ciblées. Ce n’est plus de la pêche au thon, mais de la pêche au peau bleue qui ne dit pas son nom », soupire Eric Stephan. Ces requins se retrouvent donc plus souvent sous notre dent que l’inverse. Profitons donc de ces belles observations pendant qu’il est encore temps.

Alexandrine Civard-Racinais

Une situation préoccupante pour le peau bleue

Victime de la pêche, Prionace glauca (nom latin du peau bleue) est considérée comme une espèce « quasi menacée » (source UICN France). Il n’a donc plus qu’une marche à franchir, avant de rejoindre la triste cohorte des espèces menacées de disparition à plus ou moins long terme. En Méditerranée, sa population est déjà en danger critique d’extinction. Partout, la pression est telle qu’on voit mal comment la situation pourrait s’inverser.

 

 

 

 

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