Les Anglais l’appellent « morning glory » – la « gloire matinale » –, ce qui relativise la notion de gloire…

Victor Hugo avait glissé un vers équivoque là-dessus : « Quand on est jeune, on a des matins triomphants ; le jour sort de la nuit comme d’une victoire. » C’est plus charmant que « La bandaison papa, ça ne se commande pas » de Brassens mais on en revient au même point : comment se fait-il que, dès le plus jeune âge et jusqu’à tard dans la vie, les hommes se réveillent en dressant la tente tous les matins, ou peu s’en faut ?

En fait, la question serait plutôt : comment se fait-il qu’ils ne soient pas constamment en érection ? Parce que c’est ça, l’état naturel de l’homme, ce qui va réjouir celles qui pensent que ce sont « tous des cochons ». Une érection, c’est du sang artériel qui afflue dans la verge, une « éponge » qui s’en va gonfler, grossir et durcir. Pour empêcher le sang d’irriguer constamment le sexe, il y a dans le pelvis des muscles qui sont contractés et bloquent son arrivée. C’est leur décontraction qui, inversement, va permettre la fameuse bandaison. Et quand est-on le plus décontracté ? Eh oui, la nuit, pendant le sommeil ! En fait, le phénomène se produit entre trois et cinq fois par nuit, en fin de sommeil paradoxal. Durant cette phase, l’activité électrique du cerveau est à son maximum, les mouvements oculaires sont incohérents, le rythme cardiaque s’accélère et on sécrète une hormone qui relâche les muscles, y compris ceux qui empêchent le sang d’arriver au pénis : c’est « la tumescence pénienne nocturne », expression follement excitante…

De fait, l’érection matinale n’est rien d’autre que la dernière de la nuit, celle sur laquelle on se réveille. Et n’est donc en rien liée à une quelconque excitation sexuelle. Qui plus est, c’est en fin de nuit que la production de testostérone connaît un pic. Donc, l’un dans l’autre en quelque sorte, tout ceci fait que l’homme se sent pousser des ailes. Cette érection est un signe de bonne santé physiologique de ce côté, même si son absence n’augure en rien d’un dérèglement : il se peut que l’on se réveille hors de cette phase de sommeil paradoxal et donc qu’on passe à côté. En revanche, si l’on a des érections matinales et des pannes lorsqu’il ne faudrait pas, c’est plutôt rassurant, ou pas : cela signifie que la panne est dans la tête. Et une histoire sans queue ni tête ne fait l’affaire de personne…

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