Écologique et économique, le chanvre a tout pour s’imposer comme le matériau de demain. Dans les Landes, la filière se développe

Certains pourraient s’étonner, en passant par Rion-des-Landes, face à ces champs de plantes aux longues feuilles vertes. Qu’ils se détrompent, il ne s’agit pas de cannabis, mais de chanvre industriel, sans effet psychotrope. Une filière autrefois très présente en France, qui s’est essoufflée au XX ème siècle. Aujourd’hui, cette culture, qui ne nécessite ni produits chimiques ni engrais, peu d’eau et qui pousse en à peine 3 mois, revient sur la scène agricole.

Il faut continuer jusqu’à Saint-Geours-de-Maremne pour découvrir Les Chanvres de l’Atlantique. C’est ici que les récoltes sont transformées. Vincent Lartizien, fondateur de l’atelier, a pour ambition de relancer la filière: « Aujourd’hui, on a finalisé la première partie de notre projet, l’alimentaire (huile, graines, protéines). On a tous les outils industriels pour transformer la matière, commercialisée avec notre marque, Nunti Sunya. »

« On espère proposer un plastique compostable »

Les incroyables capacités de cette plante ne s’arrêtent pas là. En 2021, une usine de défibrage devrait voir le jour. « Cela nous permettra de ne plus valoriser uniquement les graines, mais aussi la paille. Il faut un outil très spécifique pour la transformer et obtenir la fibre et la chènevotte », raconte Vincent Lartizien. Mélangée avec de la chaux et de l’eau, la chènevotte permet d’obtenir du béton.

La paille, elle, « présente encore plus de possibilité ». D’abord, le textile, qu’il soit vestimentaire, d’ameublement, de literie… Plus étonnant, le chanvre permettrait de fabriquer un plastique léger, qui ne rejette pas de carbone. « A terme, on espère proposer du plastique compostable ». Un matériau qui pourrait intéresser l’industrie automobile et aéronautique, celle du surf, ou encore, les usagers d’imprimantes 3D. La paille de chanvre sert aussi d’isolant, pour remplacer la laine de verre, « qui est une catastrophe écologique ».

Vincent Lartizien a convaincu plusieurs agriculteurs landais, uniquement en bio, de se lancer dans cette aventure. « On a 200 hectares sous contrat, un chiffre qui augmente chaque année. A l’arrivée du site de défibrage, en 2021, les surfaces vont sûrement doubler, voire tripler ! »

Alexandra Jammet

Vincent Lartizien s’est lancé dans la transformation de chanvre en 2015.

 

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