Les fast fashionistas, adeptes des T-shirt et autres vêtements achetés à bas prix de manière souvent impulsive et jetés tout aussi rapidement, rendent un bien mauvais service à la planète et à elles-mêmes. Car le moindre petit « top trop stylé » a un impact environnemental inversement proportionnel à son prix…

Quelque 100 milliards de pièces de vêtements sont produites chaque année dans le monde. Une production massive au coût écologique faramineux : l’industrie textile est aujourd’hui la deuxième industrie la plus polluante dans le monde, après le pétrole. Grande consommatrice de matières premières, d’eau et d’énergie, elle contribue actuellement aux émissions de gaz à effet de serre (GES) à hauteur de 2 %, « mais si l’on continue sur la trajectoire actuelle (acheter de plus en plus et jeter) elle pourrait émettre 26 % des GES à l’horizon 2050 » s’alarme Erwan Autret, ingénieur à l’Ademe, spécialiste des textiles.

Le coton : doux pour la peau mais pas pour l’environnement

Prenons ce joli T-shirt acheté pour quelques euros dans une enseigne de prêt à porter suédoise ou espagnole. On l’a choisi en coton sur les conseils de notre mère, car « le coton, c’est sain et naturel ». Certes, mais à moins d’avoir opté pour du coton bio, la culture de cette plante n’est pas si vert(e)ueuse qu’on le croit. Le coton est en effet la principale culture consommatrice de pesticides au monde. Elle est aussi très gourmande en engrais (azote et phosphore).

Selon un rapport (en anglais) du Mistra Future Fashion (organisme de recherches interdisciplinaire suédois) rendu public en mars 2019, le coton est, en outre, la fibre textile qui requiert le plus d’eau. L’Ademe a ainsi calculé que la fabrication d’un seul T-shirt nécessitait l’équivalent de 70 douches… « C’est problématique dans les régions comme la Chine ou l’Inde qui souffrent déjà de stress hydrique et de contraintes pour l’accès à l’eau douce », souligne l’expert. Mais ce n’est pas tout…

De jolies couleurs, toxiques pour les milieux aquatiques

J’ai craqué sur un t-shirt arborant une licorne, pour me mettre au diapason de ma fille pré-ado (la licorne est tendance en ce moment). Dommage… Car j’hypothèque l’avenir des écosystèmes dont nous dépendons tous. Pour fixer cette belle couleur rose fluo, la plupart des fabricants utilisent en effet des substances toxiques, notamment les éthoxylates de nonylphénol (NPE). Dangereuses pour les travailleurs du textile et les consommateurs, ces substances se retrouvent ensuite dans les milieux aquatiques lorsque ces habits sont lavés.

Car c’est bien l’ensemble du cycle de vie du T-shirt qu’il faut considérer et pas seulement sa production, insiste Erwan Autret. Surtout quand on on sait que « 50 % de son impact environnemental est lié à son usage et à sa fin de vie ». Le consommateur a donc un vrai rôle à jouer pour diminuer celui-ci. L’achat de vêtements répondant au cahier des charges de l’écolabel européen (réputé être « le plus exigeant en ce qui concerne le respect de l’environnement aux différentes étapes du cycle de vie ») ou d’autres labels environnementaux peut constituer un premier pas.

Consommer oui, mais pas n’importe comment…

Et si on en finissait avec le culte du grand méchant look « à peine acheté, déjà jeté » pour adopter un comportement plus durable ? Plutôt que de céder aux sirènes de la publicité, du marketing et de la communication qui nous prennent toutes et tous pour des écervelés, pourquoi ne pas chiner, acheter des vêtements de seconde main, voire échanger les tops de son dressing avec ceux de sa voisine ? Cela permettra de se constituer un dressing bien plus original et (un peu) moins coupable…

Alexandrine Civard-Racinais

 

La fibre du tri et du recyclage

• Pour donner une seconde vie à son ex T-shirt préféré et à ses vêtements inutilisés, pensez au tri 

• Les utilisations des textiles usagés (confiés à un conteneur, une recyclerie, une ressourcerie…) sont innombrables !

 

 

 

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