L'orang-outan, ou "homme de la forêt" en malaisien, fait, comme l'homme, partie de la grande famille des hominidés. ©Florence HeimburgerL'orang-outan, ou "homme de la forêt" en malaisien, fait, comme l'homme, partie de la grande famille des hominidés. ©Florence Heimburger

Cela exaspère les paléoanthropologues ! Ils sont fatigués d’entendre que l’ancêtre des humains est le singe. C’est plutôt un lointain cousin. A partir de 5-7 millions d’années la lignée humaine s’est séparée de celle des chimpanzés, en Afrique. Explications.

Plaisir de la chair, goût immodéré pour le pouvoir, les jeux, propension à l’oisiveté…Certes les grands singes et l’espèce humaine ont bien des points communs, dans leur comportement, leur gestuelle et les mimiques aussi.
Egalement au niveau génétique : les différences entre l’homme et les chimpanzés ne sont « que » de 1 %. Par ailleurs, « orang-outan » ne signifie-t-il pas « l’homme de la forêt » en malaisien ?

Pour autant, on ne peut pas dire, comme on l’entend souvent, que « l’homme descend du singe ». Image d’Epinal si largement diffusée où l’on voit l’évolution de l’homme menant du chimpanzé quadrupède à l’homme moderne bipède, en passant par un cortège de singes plus ou moins redressés. Tout cela est… faux.

En réalité, l’être humain et les singes actuels descendent d’un lointain ancêtre commun. Et il serait plus correct de dire que nous sommes des cousins très éloignés.

Toumaï, le dernier ancêtre commun ?

Nous savons aujourd’hui que nous avons un ancêtre commun avec les grands singes en général, et ceux africains en particulier. On estime que cet aïeul vivait il y a environ 7 à 9 millions d’années, très probablement en Afrique.

Il aurait évolué vers deux lignées : celle des grands singes africains arboricoles (bonobos, chimpanzés, gorilles) et la lignée humaine. Toutes deux appartiennent à la famille des hominoïdes. Toumaï (Sahelanthropus tchadensis, 7 millions d’années avant le présent), fossile découvert au Tchad par le paléoanthropologue Michel Brunet, constituerait le premier hominidé bipède (qui signifie « marche sur deux pieds »).

En tout cas, « il est le meilleur candidat pour le dernier ancêtre commun (ou « DAC »), il se situe probablement au commencement de la lignée humaine » avait expliqué le paléoanthropologue au Collège de France, Pascal Picq, dans un article du journal Le Monde datant de 2012. Vont lui succéder, trois millions d’années plus tard, l’Homo naledi et l’Homo erectus, dont la présence il y a 2 millions d’années s’étend jusqu’en Chine, et bien d’autres hominidés (du genre Australopithecus ou Homo).

Une évolution mosaïque, buissonnante

Car l’odyssée de l’espèce humaine n’a pas été long fleuve tranquille allant directement du DAC vers l’homme moderne, Homo sapiens. Notre évolution serait plutôt comparable à un arbre buissonnant. Une fois notre lignée séparée des grands singes, plusieurs branches avec de nouvelles espèces d’hominidés s’écartent, voire coexistent, comme Homo habilis et Homo ergaster ou, plus récemment, l’homme de Neandertal (Homo neanderthaensis) et Homo sapiens, notre espèce, apparue il n’y a « que » 300 000 ans.

Une seule perdure aujourd’hui, la nôtre. Elle a conquis l’ensemble de la planète et cohabite avec quelques lointains cousins grands singes (avec qui nous partageons 98 % de notre ADN), dont la plupart sont menacés d’extinction en partie à cause de…l’Homme.
Et oui, l’homme peut descendre d’un arbre ou d’une échelle mais pas du singe…

Florence Heimburger

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