Le fuel qui s’échappe des cuves du Grande America pourrait atteindre la côte atlantique en milieu de semaine. A Bordeaux, une coalition d’associations (Le Biome, Sea Shepherd France et Darwin coalition) souhaite anticiper la catastrophe annoncée en prépositionnant une unité mobile de soins sur la côte girondine. Explications.

 

A Bordeaux, l’ancienne caserne militaire Niel est devenue le lieu d’une véritable veillée d’armes. Depuis l’annonce du naufrage du navire Grande America mardi 13 mars 2019 au large de La Rochelle, les associations Le Biome, Sea Shepherd France et Darwin coalition se préparent à faire face à l’arrivée d’une marée noire qui pourrait toucher des milliers d’oiseaux marins.

L’association Sea Shepherd France a d’ores et déjà mis son navire The MV Sam Simon, actuellement présent dans le Golfe de Gascogne « à la disposition des autorités pour aider d’une quelconque façon à endiguer la pollution qui survient dans une zone habitat de nombreux dauphins, poissons et oiseaux ».

Chronique d’une catastrophe annoncée ?

En route vers la cellule de crise, Jérôme Pensû ne cache pas sa colère. « Cette partie du Golfe est une zone d’hivernage pour les alcidés (pingouins, guillemots, macareux…). Le bilan risque d’être terrible. Les oiseaux touchés au large vont être ramenés en masse à la côte par les courants », déplore le fondateur du Biome, coordinateur technique « marée noire » pour Sea Sheperd France.

« La France ne dispose pas de moyens suffisants pour gérer une telle crise » estime de son côté Philippe Barre, fondateur du projet Darwin,depuis son QG de la rue Niel à Bordeaux. Bien que notre pays ait connu près d’une vingtaine de marées noires depuis 1967 « n’en avons pas retenu les leçons ! », martèle Jérôme Pensu qui a participé au nettoyage de 5 d’entre elles. « Les premières 48 heures sont les plus importantes si l’on veut sauver le plus d’oiseaux possible ».

Les oiseaux marins paient un lourd tribut à chaque marée noire. PHOTO : LPO AQUITAINE

Renforcer l’offre avec un centre de soins mobile

Aux yeux des organisateurs de la coalition, les structures de sauvegarde de la faune sauvage existants en Nouvelle-Aquitaine. «  risquent d’ être rapidement débordés par l’afflux d’oiseaux. Aucune structure existante ne peut prendre en charge plus de 400 oiseaux en simultané » estime Jérôme Pensu et « il manque des moyens au Sud du Verdon », renchérit Philippe Barre. D’où l’idée de pré-positionner un centre de soins mobile sur la côte girondine, afin de prendre en charge les oiseaux qui ne pourraient pas être accueillis dans les centres permanents.

« Une unité de soins mobiles, c’est une salle de stabilisation, une salle de lavage, ça se monte rapidement ! », commente Jérôme Pensu. Les préfectures ont été sollicitées afin d’obtenir les autorisations d’ouverture nécessaires à la mise en place de ce centre provisoire en urgence.

Au QG de la rue Niel, « Nous sommes prêts à intervenir à tout moment, en relation avec les pouvoirs publics et les collectivités concernées. » indique Philippe Barre. « Préparons nous au pire et réjouissons nous s’il n’arrive pas », conclut Jérôme Pensu.

Ces guillemots de Troïl, photographiés en 2017 au centre de soins de la LPO à Audenge, font partie des espèces menacées par la marée noire, comme le pingouin torda, le macareux moine, le plongeon ou encore le mergule nain. PHOTO THIERRY RACINAIS

Les centres de soins à la faune sauvage prêts à intervenir

Une cellule de crise est également à l’œuvre au sein de la LPO qui possède déjà deux unités de soins mobiles prêtes à être déployées dès que le besoin s’en fera sentir. Le centre de soins de la LPO 33, le centre de Sauvegarde Helgalaldia (64) et Alca Torda (40) ont élaboré un plan d’action commun et leurs équipes sont sur le pont. Prêtes à tout mettre en œuvre pour nettoyer le maximum d’oiseaux victimes de la pollution aux hydrocarbures. En espérant que le pire soit évité…

 

  • Pour se tenir informé en temps réel ou proposer votre aide, suivez la page FB Alerte Grande America.
  • A l’heure actuelle, la LPO et les centres de soins existants ne recherchent pas de nouveaux bénévoles, faute de temps à consacrer à leur formation.

Que faire en cas de découverte d’un animal victime de pollution?

  • Pour connaître la marche à suivre en cas de découverte d’un oiseau, d’une tortue ou d’un mammifère marin et les personnes à contacter, consulter les recommandations mises en ligne par la LPO relayées par le centre de soins de la LPO aquitaine.
  • En cas de découverte d’un ou de plusieurs oiseaux vivants :

– Utilisez un tissu, blouson, serviette pour immobiliser l’oiseau en veillant à maintenir ses ailes collées au corps et à couvrir la tête (ne le touchez pas à mains nues, ne lui parlez pas, soyez le plus doux possible) ;

– Placez le dans un carton fermé, percé de trous et gardez le au chaud ;

– Prévenez le centre de sauvegarde le plus proche (en donnant si possible des précisions sur l’espèce et le nombre d’oiseaux concernés) ;

– Apportez l’oiseau le plus vite possible au centre de sauvegarde concerné.

Vers qui se tourner ?

Dpt 17 : Centre de Sauvegarde du Marais aux Oiseaux (Dolus d’Oléron) Tél. : 05 46 75 37 54.

Dpt 33 :  Centre de Sauvegarde de la LPO (Audenge). Tél. :  06 28 01 39 48.

Dpt 40 :  Centre de Sauvegarde Alca Torda (Pouyesseaux). Tel. : 05 58 93 92 33.

Dpt 64 : Centre de Sauvegarde Helgalaldia (Ustaritz), Tél. : 05 59 49 16 78.

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