Il paraît qu’on peut tuer un somnambule en le réveillant. Voilà une belle idée reçue. En fait, c’est plutôt nous qui courront un risque en le réveillant. En revanche, lui, il en court si on ne fait rien ! Alors que faire ?

Personnellement, jamais je ne réveillerai un somnambule, c’est trop flippant ce truc. Mais c’est personnel. La plupart des gens ne le réveilleront pas non plus… de peur qu’il ne fasse une crise cardiaque. C’est déjà moins irrationnel… mais pas beaucoup plus justifié. Disons le tout net : on peut réveiller un somnambule. Mais il faut quand même être prudent.

Et savoir d’abord que le somnambulisme se trouve quelque part entre le sommeil et la veille Lorsqu’on dort, il faut que deux conditions soient réunies. D’une part que nos fonctions cérébrales liées au sommeil soient activées et d’autre part que celles liées à la veille soient désactivées.
Or, pour un somnambule, c’est un peu comme si les deux fonctions étaient actives en même temps. La crise intervient généralement entre la phase de sommeil profond et celle de sommeil paradoxal. Il semblerait que quelque chose cloche entre ces deux phases mais l’on ne sait pas trop quoi.

Des actions simples

Ce qui ressort, c’est que durant le sommeil profond, notre cortex est « débranché ». C’est pour cela que si l’on rêve que l’on fuit devant des monstres (ah le rêve atroce que tout le monde fait!) on ne bouge pas forcément les jambes à la vitesse où l’on rêve le faire. Le somnambule, si. Donc il peut se lever, marcher, se servir un verre s’il rêve qu’il se sert un verre… tout un tas d’actions simples. Pour les actions compliquées par contre, c’est nettement plus rare parce que l’essentiel du cerveau, qui dirige la réflexion, est endormi. Résultat : si le somnambule rêve qu’il se sert un verre mais que vous avez changé les verres de place sans lui dire, il est incapable de penser à les chercher ailleurs.

D’abord l’instinct de survie

Et c’est pour cela qu’il faut être prudent si on doit le réveiller : toutes les fonctions du cerveau ne s’éveillent pas en même temps et lui, ses fonctions physiques sont déjà bien en forme. La suivante qui va se déclencher si on le secoue, c’est… l’instinct de survie. Donc il va se faire une grosse frayeur car il se retrouve projeté dans un tout autre contexte que celui dans lequel il dormait. Et s’il est du genre un peu rustre, il va vous en coller une belle.

Dans tous les cas, il va être sacrément désorienté et perturbé, ce qui n’est jamais très agréable. Pour être sympa (et prudent car on ne sait jamais ce qu’un somnambule peut rêver de faire… et donc faire) il vaut mieux le laisser dormir et le raccompagner gentiment dans son lit. En espérant que ça ne se reproduira pas… même si ce n’est pas dangereux, c’est quand même flippant, je persiste.

Des somnambules très jeunes

Entre 10 et 15% des enfants seraient atteints de somnambulisme plus ou moins prononcé, sans doute parce qu’à cet âge, les structures du cerveau ne sont pas totalement achevées. Et aussi que les rêves sont plus simples et qu’ils portent essentiellement sur ce qui a été fait dans la journée. Seulement 1 à 2% des adultes sont somnambules mais tous l’ont été dans leur enfance. D’une manière générale, les garçons sont aussi plus sujets au somnambulisme que les filles. Une crise dure de 5 à 15 minutes mais peut parfois atteindre une bonne heure.

Jean Luc Eluard

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