Après être parvenue à bio-imprimer de la peau et des follicules pileurs, la jeune pousse pessacaise se lance dans la bio-impression de tissu de foie artificiel.

Après être parvenue à bio-imprimer de la peau et des follicules de cheveux, la jeune pousse pessacaise se lance dans la bio-impression de tissu de foie artificiel. Photos DR/ Poietis

La jeune pousse pessacaise de biotech Poietis, capable de bio-imprimer des tissus vivants, vient de signer un partenariat avec les laboratoires Servier. Ensemble, ils comptent fabriquer des tissus hépatiques via la bio-impression laser 4D afin de tester la toxicité de molécules en développement.

Près d’un tiers des molécules en cours de développement ne sont pas mises sur le marché à cause de leur toxicité hépatique. Cela engendre des coûts inutiles aux laboratoires pharmaceutiques. Or, pour l’heure, il n’existe pas encore de modèles 3D d’hépatotoxicité, jugés plus prometteurs que les tests sur les animaux et autres modèles de cultures de cellules humaines, répondant aux besoins de l’industrie pharmaceutique.

Cela pourrait bientôt changer. En effet, la biotech Poietis (33 salariés), implantée à Pessac, créée en 2014 par l’ancien chercheur Inserm Fabien Guillemot et par l’entrepreneur en biotechnologie Bruno Brisson, et spécialisée dans l’impression laser de tissus humains, a signé en septembre dernier un partenariat avec le groupe pharmaceutique Servier pour plusieurs années.
Leur but : développer des tissus hépatiques humains grâce à la bio-impression 4D laser afin de pouvoir tester les éventuels effets indésirables de candidats médicaments sur le foie, principal organe de filtration du corps. « Cette technique permettrait de détecter les molécules délétères dès la phase d’essais précliniques, c’est-à-dire avant les essais sur l’homme », précise Fabien Guillemot.

Fabien Guillemot, co-fondateur de la start-up qui emploie aujourd'hui 33 personnes.

Fabien Guillemot, cofondateur de la start-up qui emploie aujourd’hui 33 personnes.

Des tissus complexes semblables au foie humain

« Mais le foie est un organe très complexe, prévient le président de la start-up, et notre modèle ne verra probablement pas le jour avant plusieurs années. »

Comment la biotech compte-t-elle s’y prendre pour y parvenir ? Quelle sera la nature des cellules utilisées ? Cette innovation pourra-t-elle profiter à d’autres acteurs du milieu médical (autres laboratoires pharmaceutiques, hôpitaux…) ? Impossible d’en savoir plus, confidentialité du contrat oblige.

Vers une diversification de l’offre

Lauréate du concours i-LAB en 2014 et du concours mondial d’innovation 2017, Poietis s’est déjà illustrée pour ses réussites a plusieurs reprises : en mettant au point un follicule de cheveux pour L’Oréal puis en créant et en commercialisant fin janvier 2018, « Poieskin® », premier modèle de peau totale (épiderme et derme) humaine imprimée en 3D. Ce modèle sert aux laboratoires et entreprises de dermo-cosmétiques pour tester leurs nouveaux produits.

L’offre de tissus de la jeune pousse pourrait encore s’étoffer dans les années à venir, notamment dans le domaine de la cardiologie et pour des applications cliniques. Un projet de bio-impression de cartilage avec l’Université catholique de Louvain (Belgique) est d’ailleurs actuellement en cours.

Florence Heimburger

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