Des concerts sont parfois organisés dans des arènes antiques. Le cadre est souvent magnifique, mais la qualité du son est-elle bonne ? Aussi bien pour l’opéra que le rock ? Et au final, est-ce qu’il y a un risque pour les vieilles pierres ?

Différentions les amphithéâtres antiques, grecs ou gallo-romains, des arènes romaines. Les premiers sont en forme semi-circulaires, ancêtres des théâtres et opéras, tandis que les seconds sont circulaires, dont les cirques et les stades sont les héritiers. La fonction d’un amphithéâtre est d’assurer la diffusion de la parole dite ou chantée, tandis que les arènes étaient dédiées aux jeux de combat, de compétition, entre hommes ou avec des animaux. Dans les arènes, il faut que les spectateurs voient bien. Dans les amphithéâtres, l’enjeu est autre : il faut qu’ils voient bien et qu’ils entendent bien.

« Les arènes ne sont pas prévues pour faire de la musique », rappelle Jean-Christophe Valière, acousticien spécialisé en archéo-acoustique. Par ailleurs, « il y a des amphithéâtres grecs ou romains, avec une grande différence entre les deux, qui est la présence d’un mur récupérant tout le champ arrière perdu. Le son part dans toutes les directions. Il est facile de comprendre que ce mur le renvoie devant, permettant de gagner 3 décibels. C’est la grande innovation romaine. » Mais ces murs ont souvent été détruits au cours de l’histoire.

Peut-on y organiser sans risque des concerts

Aujourd’hui, peut-on organiser de la même manière des concerts dans des arènes et des amphithéâtres ?

Tout dépend s’il s’agit de concerts acoustiques ou amplifiés.

Lorsque Christophe Blugeon a voulu créer ses Soirées Lyriques en acoustique il y a 19 ans, il a tout d’abord pensé aux arènes de Saintes, en Charente-Maritime. « Mais je suis allé tester le site de Sanxay, dans la Vienne, avec un chanteur d’opéra. Je me suis mis en bas, puis sur les hauteurs, et j’ai été stupéfait de la qualité du son. La présence de la rivière, et donc de l’humidité, y contribue beaucoup. Puis, on a compris l’importance de nos décors. Au début, nous n’avions que des colonnes et nous avons vu que les voix étaient plus perceptibles lorsque les chanteurs étaient placés devant plutôt qu’à côté. Maintenant, nous créons des décors avec des parois en bois qui favorisent la réflexion du son. »

Comme le faisait jadis les murs.

Il faut que ces sites continuent à vivre

Qu’il s’agisse d’opéra ou de rock, « si les concerts sont amplifiés, peu importe qu’ils soient organisés dans des arènes, assure Jean-Christophe Valière. L’important est d’avoir un bon ingénieur du son qui saura placer le bon matériel pour bien faire sonner le site. Dans un espace circulaire comme des arènes, il spatialisera le son sans difficulté. »

Quant à savoir si ces lieux sont propices à accueillir le public du XXIe siècle sans risquer la dégradation…

Jean-Christophe Valière répond qu’« il faut distinguer la dégradation acoustique, mais qui n’existe pas, et la dégradation mécanique que l’on peut faire si on fait tomber du gros matériel par exemple. Et il n’y a aucune dégradation dues aux vibrations. Les ondes sonores, même à 110 décibels, ne casseront jamais rien. »
Autre que les oreilles, complèteront certains.

Christophe Blugeon aime citer le Président du Centre des monuments nationaux, Philippe Bélaval, également président des Soirées lyriques de Sanxay : « Ces sites ont été conçus pour recevoir des spectacles, c’est bien qu’ils retrouvent leur fonction et qu’ils continuent à vivre ! »

Esther Colombe

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