Plusieurs entreprises néo-aquitaines se sont lancées dans la production d’aliments protéinés alternatifs moins énergivores que la viande, tels les insectes, les micro-algues ou encore du saumon végétal. Petit tour d’horizon.

En 2050, 9,8 milliards d’humains devraient peupler la Terre selon les prévisions de l’Organisation des nations unies. Comment nourrir ce monde alors que les ressources sont limitées ? L’une des solutions consiste à réduire notre consommation de viande, très énergétivore et aquavore à produire. Voire à la remplacer par d’autres sources de protéines comme les insectes ou les algues. L’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recommande d’ailleurs depuis 2008 de consommer des insectes plutôt que des protéines carnées.
Plusieurs entreprises girondines se sont embarquées dans la production de tels « nouveaux » aliments ou « novel food* ».

 

La spiruline : le steak de la mer

Dès 2012, Jean-Baptiste Vin-Ramarony, titulaire d’un master en agroalimentaire et d’une formation en management en aquaculture, a ouvert à Lugos (33) la première ferme artisanale de spiruline en Gironde. Il cultive sous serres cette micro-algue bleue verte  de la famille des Cyanophycées dans des bassins d’eau chaude douce et salée. Avant de la commercialiser sous diverses formes : poudre, chocolat, assaisonnement…

« La spiruline est un peu le steak de la mer : elle est riche en protéines (elle en contient 60 %) et fournit tous les acides aminés, du fer et une large gamme de vitamines (A, B12…) et minéraux. C’est un excellent complément alimentaire, notamment pour les personnes végétariennes et les sportifs. En outre, 1 kilo de protéines issues de spiruline nécessite 40 fois moins d’eau et 300 fois moins de surface qu’1 kilo de protéines issues de viande de bœuf », souligne l’entrepreneur lauréat en 2013 du prix de l’innovation CREAG AGRI du Conseil général de la Gironde.

 

Un saumon végétal

Dans la même veine, le biologiste marin Pierre Calléja, ancien PDG de la société libournaise Fermentalg spécialisées dans la production d’huiles et de protéines issues de microalgues, a fondé la start-up Odontella en 2016 avec deux autres scientifiques. Basé à Eysines (33), leur laboratoire cultive l’Odontella aurita, du phytoplancton à la base de la chaîne alimentaire, pour, à terme, proposer des produits finis : saumon (en vente depuis avril 2018), coquilles Saint-Jacques et caviar à base de ces micro-organismes, riches en protéines, oméga-3 et 6, antioxydants, fibres, vitamines et minéraux…

 

Bientôt des insectes dans nos assiettes ?

Etablie à Libourne (33), la start-up Entomo Farm produit, elle, de la farine à base de larves de Ténébrion meunier (Tenebrio molitor). « Avec une teneur en protéines supérieure à 70 % et un profil d’acides aminés équilibré, elle est parfaitement adaptée à l’alimentation animale. Elle est notamment intégrée dans la nourriture des poissons d’élevage et dans celle dédiée aux animaux de compagnie (reptiles, batraciens, rongeurs, oiseaux, chiens, chats…) », explique Delphine Calas-List, directrice recherche et développement à Entomofarm. L’entreprise envisage de produire à terme une farine d’insectes à destination de l’alimentation humaine qui pourra servir à l’élaboration de produits hyper-protéinés comme des gâteaux, des pâtes ou même des steaks.
Mais, « il va falloir un peu de temps avant que sa consommation rentre dans les mœurs en France et représente un marché conséquent », estime l’experte. Deux milliards et demi d’humains en mangent déjà en Afrique, Asie et en Amérique du Sud.


*« Novel food » : aliments ou ingrédients alimentaires non consommés dans l’Union européenne avant 1997 ou avant 2017. Ils peuvent être d’origine végétale, animale, issus de la recherche scientifique et technologique, mais aussi de traditions ou de cultures alimentaires de pays tiers. Ils sont définis dans le règlement européen CE n°258/97 actuellement en cours de révision. 

Florence Heimburger

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